vendredi 17 février 2012

Race, racisme, Zemmour

Ce billet part d'une vidéo dailymotion sur Eric Zemmour et les races que j'ai voulu commenter, mais le commentaire appelant d'autres développements, il devenait trop long. Les histoires appellent les histoires.
http://www.dailymotion.com/video/x7eiaf_zemmour-et-l-existence-des-races_news

Race
Dans le dictionnaire, race désigne un groupe d'individus caractérisé par un trait distinctif. Il y a donc autant de races que de critères arbitrairement choisis : couleur de la peau, des cheveux, la forme du nez, de la bouche, mais aussi autre : bon, mauvais, gentil, méchant, fort, faible, courageux, lâche...

Racisme
L'erreur que font les personnes qui condamnent Eric Zemmour c'est de rapprocher le terme de race avec celui de racisme qui est une hiérarchisation des races : dire que les blancs sont supérieurs aux noirs par exemple.

Espèce
Une autre erreur dans l'émission est de confondre le terme de race avec celui d'espèce qui implique la reproductibilité. Deux individus appartiennent à la même espèce si ils peuvent se reproduire sur deux génération, en effet des espèces voisines peuvent donner des hybrides qui eux sont stériles. C'est d'ailleurs pour cette raison qu'avant les OGM, les hybrides étaient préférés par l'industrie de l'agro-alimentaire : les paysans ne pouvaient pas replanter les graines et étaient donc obligés d'acheter tous les ans.

Pourquoi ces erreurs ?
Comme l'explique Normand Baillargeon dans "Le petit guide d'autodéfense intellectuelle", un mot n'a pas une composante, mais deux :
1) Dénotation, sa définition
2) Connotation, sa charge émotionnelle

Le mot race est lié à d'autres mots dans notre inconscient : racisme, nazisme, race supérieure, colonisation, noir, esclavage, qui sont eux-mêmes reliés à des histoires négatives. Mais comme le dit Gilles Châtelet dans "Vivre et penser comme des porcs" l'émotionnel va beaucoup plus vite que le rationnel, c'est à dire l'histoire qu'on se raconte. Dans une société qui s'accélère, où nous sommes submergés d'informations, c'est l'émotionnel qui les traite. (J'écrirai peut-être un autre billet à ce sujet : la société de l'émotion.)

Nous avons donc conscience de tout ce qui est lié au mot race et qui prendrait trop de temps à raconter sous forme d'un ressenti englobant.

Voilà le piège :
Le ressenti nous fait entendre non seulement le mot race, mais tout ce qui va avec. Au sens propre il amalgame, et il amalgame d'autant plus que le ressenti est fort. Pour moi qui n'ai pas eu à me plaindre de racisme par exemple, ou peut-être du racisme anti-gros dans ma jeunesse, le ressenti ne me submerge pas donc je suis plus à même de distinguer le mot race du reste et à lui donner une définition précise à l'aide des dictionnaires.

Quand Eric Zemmour emploie le mot race, sa définition est évidente pour lui car il a étudié la question. Ne l'ayant pas expliquée, émotionnellement nous rejetons ce mot avec tout ce qui lui est lié, et en particulier le locuteur, surtout si il porte avec lui une suspicion de racisme parce qu'il a dit : "La plupart des trafiquants sont noirs et arabes" sur le plateau de Thierry Ardisson dans l'émission "Salut les terriens" où tout le monde a été choqué.

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